22/04/2011
QUELQUES TEXTES ECRITS PENDANT LA NUIT DE L'ECRITURE
Déambulation d'une nuit, celle du 2 avril et lecture des textes au matin du 3 avril vers 7h00 du matin.
Bientôt sur ce blog une vidéo réalisée par Pascal pendant cette nuit-là...
Dame Loubayda, la visiteuse funeste.
Silence : Ma sœur, si vous ne dormez pas, évadez-nous et je vous supplie en attendant le jour qui paraîtra bientôt, de me conter le zèle de ces artistes désespérés qui écoutent l’eau qui file en bruissant sous l’échauguette.
Ainsi parla alors Schéhérazade :
Il était une fois, au milieu d’un immense jardin de rêve planté d’arbres et de fleurs, un sultan riche et puissant entouré de ses courtisans, tous parés de plumes, de brocarts et de bijoux d’or. Ce jardin était ceint de murs faits de miroirs taillés en larges panneaux aux angles desquels brûlaient, de nuit, des flambeaux. Les flammes étaient si bien réparties dans la surface du mur que l’image reflétée donnait l’illusion de l’infini et enivrait les promeneurs. La cour du sultan Abderrahmane-Al Alleya-Alassouli vivait dans l’illusion et le rêve car leur maître s’efforçait de leur faire connaître les délices extrêmes du paradis terrestre.
Or un jour, arriva à la cour, une visiteuse étrange, Dame Loubayda. Elle mit en garde le sultan, ses vizirs et sa cour qu’un beau matin se briseraient les miroirs, qu’une nuit s’éteindraient les flambeaux. Mieux valait sans tarder abattre ces murs de reflets ardents et ouvrir les yeux sur le monde des verts pâturages, des sommets enneigés, des palmeraies alourdies de dattes et rafraîchies d’ombres.
Dame Loubayda n’eut pas le temps de persuader la noble assemblée : un grondement sourd, long, grave, profond et intense monta des entrailles de la terre et ébranla l’enceinte fragile des bonheurs éphémères et illusoires. Les vitraux noirs aux éclats de diamant se brisèrent en un cliquetis métallique et le sultan, sa cour, Dame Loubayda disparurent à jamais dans les tréfonds de la terre.
Ainsi, ma sœur, si vous avez eu assez de bonheur et de patience à m’écouter, vous saurez que ces pauvres princes et princesses furent victimes non de la Sainte Colère du Très-Haut mais de ce qu’on appellera plus tard, dans les siècles des siècles, la tectonique des plaques.
Monique Sithamma
L’histoire de Djoullanare de la mer
Djoullanare était née dans les contrées lointaines de l’Orient où le soleil bruni la peau de son peuple et exalte les parfums des grenadiers et des citronniers. La jeune femme, qui avait hérité d’un grand et beau navire à la mort de son père, choisit alors le métier de marin : elle apprit à comprendre les messages des étoiles, à percevoir les mouvements des océans et à diriger son équipage vers un cap. Durant de longues années, elle écuma les mers du vaste monde, à la recherche d’un trésor sans nom et d’une merveille sans forme. Une nuit où la tempête faisait rage, Djoullanare ne pût rester à la barre et le navire partit à la dérive, brimé par de puissantes vagues. Au petit matin, il finit par échouer dans une petite crique rocailleuse sur une terre étrangère. Les hommes de ce territoire portaient des vestes de laine bouillie d’un bleu foncé qu’ils appelaient marine. Les femmes avaient sur la tête de hautes coiffes en dentelle et faisaient claquer d’étranges chausses en bois sur les chemins qui menaient au village. Les auberges mettaient dans les écuelles un ensemble d’ingrédients enveloppés de farine noire cuite et dorée au feu et leur boisson pétillante était extraite d’un fruit nommé pomme. Djoullanare apprit alors qu’il s’agissait du pays des bretons et eut envie d’y jeter l’encre quelques temps et de partager leur vie.
Elle découvrit des paysages sauvages avec des falaises sculptées dans la roche qui surplombaient une infinité de baies et de petites plages. Les maisons étaient taillées dans une pierre sombre et pailletée, et accueillaient en leur sein les longues veillées d’hiver : les familles, les amis, et les voisins se retrouvaient autour de la grande cheminée où le feu crépitait pour écouter les légendes bretonnes qu’un ancien décidait de transmettre. Au fil des histoires, les enfants ouvraient de grands yeux étonnés et les belles s’endormaient dans les bras d’amoureux comblés.
Lorsque le printemps fit s’épanouir les bouquets de fleurs roses et bleus qui poussaient aux pieds des maisons, Djoullanare aménagea un jardin qui regorgeait de fleurs et d’arbres fruitiers venus d’Orient. L’air était chargé de parfums enivrants, les oiseaux qui se posaient aux branches emplissaient l’air de leurs chants et accompagnaient le murmure de l’eau qui s’écoulait dans les fontaines. A la nuit tombée, l’endroit se transformait en un lieu mystérieux qui ne ressemblait à aucun autre jardin : les arbres s’élevaient vers le ciel et se nouaient en certains endroits pour laisser éclore des bouquets de lotus, une cascade de pétales de roses venait se jeter dans un lac peuplé de poissons argentés et la fontaine laissait jaillir une eau parfumée dont les oiseaux s’abreuvaient pour changer les couleurs de leur plumage au grès de leurs envies.
Djoullanare invitait ses amis bretons à venir la rejoindre dans ce jardin pour partager la douceur des nuits d’été. Elle les accueillait et, assise au pied d’un palmier, elle leur faisait découvrir les histoires surprenantes et merveilleuses des contes orientaux. Elle éveillait la curiosité de ses amis et les guidait à travers le dédale des aventures, des tours de magie et des incursions dans les terres lointaines, à la rencontre de multiples personnages. Elle combinait avec finesse le passage du plaisant au grave, du dramatique au comique, et faisait naitre en eux l’envie de venir écouter un nouveau conte chaque soir. Le jardin se transformait le temps d’une veillée, en un salon baroque où les contes venus d’Orient envoutaient les amis bretons de Djoullanare.
Sarah Ely
Nuit d’écriture, Quimper, les 2-3 avril 2011
Les portes claquent, la ferraille résonne derrière les volets clos, accélération de l'urgence
Un rideau, une fenêtre mi close- un silence
Une fin de nuit, papier d'argent froissé, pour sauver sa peau
Douce, lente sera la parole
Rester en alerte pour pousser, repousser le temps de la mort
Éclats de verres, bout de paroles- Haut de rue
Remue du danger que la ville est en train de traverser
Un chat solitaire en heure de sortie se faufile
Dans un trou de souris au son du clignements de pas
Du passant seul face à sa muraille
Papier d'argent froissé dans la main tient le destin de sa destinée
Elle sera peut être la prochaine, que le Khalife amènera au Grand Vizir
Et c'est sans plaisir, que celui ci fera ce qu'on lui dit, dicte depuis des nuits
Papier d'argent froissé tient l'histoire permettant de voir derrière le miroir
L'acceptation des travers de nos histoires qui mène à voir la fragilité, les revers de l'âme
Qui quelques fois erre sur des terres étrangères
Papier d'argent froissé est la mémoire que la belle fait vivre de ses mots vivants au creux de l'oreille de l'assassin pour les survivantes de la ville
En sursis, la plus longue nuit est en marche
Attendre l'entendement du Khalife
Sous la dentelle de pierre
Regard vers les flèches, dirigée vers le ciel
Se faufiler sous l'arbre qui chante la libération en attente
L'arche qui mène au jardin
Ouverte comme le don de Schéhérazade
Un horizon de pétales s'étalent
D'un écarquillement diamant, les pupilles se frétillent
Sous une pluie de lumière filaire
Un berger limonaire finit ses sorbets, mille et un goût au palais
Ses fils encore au berceau d'eau, nage sur le dos écaillé
Transparence de papier d'argent miroite au plafond explosé d'éclats de fulgurance
Une galerei de gravions au garde à vous, ouvre la voie royale
Ricochets sur pavé
Une graine dans une plante
Les 7 filles du berger
Un dragon, une couronne détrone, détonne aux couleurs du son
Le calif me hante
De l'autre coté, qu'est il en train de se passer?
Sous les velours
Choc
Hêtres en foret de planches articule
Êtres étranges claque toutes les nuits semelles hautbois
Haillons, disparition, sensation
Êtres en étage avec vue
Rail de lumière
Allimante à ses amantes
Zéphir
Addiction
Début de nuit directionnelle
Élective émotionnelle
A chaque tombée de nuit
Une mélodie enchanteresse, réveille l'oreille
De la douce, poussée par des pas enfeuillés
Elle traverse l'allée jusqu'à se déposer
Entre deux pierres silencieuses
A peine dévoilé, à tire d'ailes
Elle embrasse l'écorse de son regard et écoute
L'arbre sous un puit de lumière éphémère
Elle laisse la sève battre le coeur
Réveille ses ailes, tel un souffle de vent
Se glisse vers le feuillage
Elle attends l'arrivée du prince guerrier
Au plus près de l'oiseau
Elle attend le temps
Moment de lui dire
« Cristallin destin, promesses enchanteresse
D'une nuit sans fin, à tes doux cotés
Ni frères, ni ennemis, jamais t 'obligeront à étrangler
Tes songes »
« Mensonges disparus de bouches
Atténuera l'aigreur
Mais songe au doux festin
Des couches; l'or d'une nuit »
Elle attend au jardin
Le retour
Elle parle
Dans son silence
Marche-Craquèle
Tombe
Elle regarde le chant de l'oiseau
S'appuie-Fatigue
Écoute
« Navigues vers ton voyage
Entre deux »
« Voyages vers tes rives
Êtres deux »
« Vers voyages, vers tes navigues
Entre deux mers arrime le doux langage »
A cette vague résonne, réponds, l'homme, le prince, le musicien des eaux
Le son de l'apaisement de la tempête Furie
Elle rêve, se couche à même les branches
Et attends
L'arrivée du jour
ISabelle L'Helgouac'h
Le salon baroque
Sortir du silence d’une tête qui
Culbute dans le velours de chaque aube.
Halte ! On ne passe plus.
Encore une nuit près du rideau rouge
Humer, écouter, grimper, se laisser
Essouffler. La scène est un
Radeau Rigide dans le mouvant des
Assis. Une ombre blanche.
Zygomatiques détendus, la lune s’évapore.
Allez savoir ce qu’il s’est dit
Dans la chambre dérobée. Le jour
Encore s’épuise dans le Rouge.
Le calife et le fou
Le calife Boukissa est le plus grand de tous les califes, le plus puissant de tous les commandeurs
des croyances, de l’Est à l’Ouest, de l’Orient à l’Occident, du Machreb au Maghreb, le calife
Boukissa ne craint ni rien ni personne tant sa renommée s’est étendue sur la terre, le ciel et les
mers, et ce, du monde terrestre au monde céleste. Le calife Boukissa ne se plie devant personne
mis à part pour la gloire de Dieu.
Un jour qu’il se promenait en Abyssie Corynthe, le calife Boukissa entendit parler d’un homme
qui pour avoir connu tous les savoirs au monde avait perdu son nom. Un homme sans histoire,
un homme déraciné, sans chaînes ni maison, sans famille ni passé, lourd des secrets de toute
l’humanité. Il envoya son vizir chercher l’individu et invita ce dernier en toute simplicité, à
partager son déjeuner. Il lui offrit victuailles aux délicates saveurs, harmonies de fleurs et de miel
accompagnés du vin qui libère et réjouit. L’homme n’ouvrit pas la bouche de toutes les heures
passées.
Le calife patient réitéra son invitation la semaine durant. Plus le temps passait et plus l’homme
semblait encombré dans sa bouche. D’un appétit léger il s’était mis à picorer et finalement avait
cessé de s’alimenter. Il marmonnait des mots incompréhensibles et roulait des yeux d’ivoire
tacheté de sang.
Le septième jour, l’homme plus furieux encore dans ses ruminations cracha brutalement dans
l’assiette du calife un morceau de viande rouge, encore tout chaud de son sang, un morceau de
langue vivante et frétillante. Puis retrouva le mutisme du premier jour.
Le calife fou de colère fit suspendre l’homme attaché par les pieds au-dessus du bassin où l’on
nourrissait les crocodiles.
La douleur était plus douce à l’homme que cette langue qui repoussait dès qu’on lui posait des
questions. Plutôt mourir que d’avoir à murmurer les mots d’enfance qu’on lui avait donné, des
mots d’offense pour celui qui écouterait. Le crocodile peu connaisseur des leçons d’humanité n’est
pas avare des coups de sa mâchoire. Il rendit sa liberté à l’homme suspendu.
Il lui croqua la tête comme une pastèque dénoyautée.
Depuis ce jour, le calife déserta la terre d’Abyssie Corynthe et
RBK Triai
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