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19/12/2010

Concours de poésie "infinis paysages"

 Le Pot aux Roses organise la troisième édition d'Equivoxes le 19 mars 2011. C'est l'occasion de lancer un concours de poésie sur le thème proposé cette année par le printemps des poètes : Infinis paysages

 « Exprimer les liens profonds qui unissent l'homme à la nature, les célébrer ou les interroger est un des traits les plus constants de la poésie universelle. Mers et montagnes, îles et rivages forêts et rivières, ciels, vents, soleils, déserts et collines, la plupart des poèmes porte comme un arrière-pays la mémoire des paysages vécus et traversés.

Se reconnaître ainsi tributaire des infinis visages du monde, c'est sans doute, comme le voulait Hölderlin, habiter en poète sur la terre. »          

JP Siméon, directeur artistique du printemps des poètes

Ecrivez votre proposition   poétique « Infinis paysages » sur une feuille A4 recto ( 3500 caractères espaces compris maximum ) Inscrire au verso vos noms, prénoms, adresse, numéro de téléphone ainsi que la catégorie d’âge vous       correspondant et l’adresser à :

Le Pot aux Roses, 24 rue     Gambetta, 29000 Quimper avant le 15 février 2011.

 3 catégories :    12-15 ans/ 16-20 ans / + de 20 ans

Les textes lauréats seront lus lors d’Equivoxes, le 19 mars 2011 et publiés dans nos carnets.

Boîte à idées :

La forme que vous choisissez est libre, pour vous inspirer quelques poèmes (ci-dessous ), mais aussi les poèmes de Philippe Jaccottet, notamment ses promenades poétiques comme dans " paysages avec figures absentes " dans lequel on trouve de magnifiques pages sur le rapport très intense que Jaccottet entretient avec le paysage.

Votre poème peut être aussi haïku!

Pour vous aider encore plus, vous pourrez faire le stage proposé par le Pot aux Roses et animé par Christine Plantec les 29  et 30 janvier prochain, revenez aux nouvelles très prochainement sur le blog pour la présentation du stage par Christine.

Des poésies :

Oui, voici la colline et la vallée,
Voici le lac et le reflet des nuages.
La lumière les dévoile aube et soir ;
Et le printemps revient à tire-d’aile !
Terre habitable, humain séjour provisoire :
Il n’est vrai paysage que de nos mémoires…
Ô pays ! ô âge ! Transplantés ici,
Nos désirs et paroles nous unissent
A tous les lointains, au grand iambe
Du prime matin du monde. Ecoutons donc
Le chant des âmes errantes, de leurs élans
Inachevés, chant fondu dans les sources
Et la brise, chant nôtre ! L’infini n’est autre
Que nos énigmatiques échanges, sans cesse
Renouvelés, avec l’immémoriale promesse.

Nos lieux, nos instants, à jamais uniques.

François Cheng

 

Voyage à dos de cerisier 2

 L'ailleurs mondial des fleurs de cerisier
Offre à l'aventure des poètes
une nouvelle mer à traverser.

La tendresse des poètes voyage
en baleine bleue autour du monde,
les cerisiers en fleurs aident à sauver
cette espèce en voie de disparition.

Au Japon, le cerisier en fleurs
sert de poste restante
aux poètes sans domicile fixe.

A Kyoto, cette année-là,
la force d'un cerisier
a sauté dans ma vie
en femme de solaire compagnie.

 René Depestre

Plaine de Flandres

 C’est d’abord un appel qui nous oblige de très loin,
au fond des basses terres, à redresser l’épaule
en permanence, à n’être qu’un souffle
autant qu’un regard : que ce soit les roseaux, les arbres
qui vacillent, se dénouent sous les nuages de l’ouest,
une rafale, la moindre brise, ils le savent pour nous,
les vents, ici, viennent tous du rivage,
nous ne pourrons aller qu’à sa rencontre,
et peu à peu nous ne demandons plus où nous sommes,
à quelle heure, comme nos pas renoncent à peser.
Nous écouterions mieux, nous offririons les mains,
avant même d’entendre à l’horizon murmurer,
puis gronder la houle, l’air est gorgé d’embruns,
déjà nos corps en seraient ruisselants.
Un seul cri d’ailes blanches, dans l’approche il suffit,
de temps à autre, d’une mouette, dès qu’elle prend son vol
l’espace retentit : la distance est si vaste encore,
mais rien ne manque, nous n’avons rien à conquérir,
pour elle, pour le ciel de la mer, nous aurons ce visage
lorsqu’il dit oui, qu’il reflète le monde au premier jour.

(entre Dunkerque et Furnes)

 Pierre Dhainaut

Anti-poème

 Je passe en revue
ce qui communément se dit :
la pierre respire
le bois travaille
l’arbre se dénude
le ciel se couvre
le vent gémit
l’herbe se couche
le nuage court
la forêt recule
le volcan se réveille
l’étoile pâlit
la mer mugit
le soleil se cache
la montagne tue
le désert avance
etc…
Et voilà que je songe à ces tribus arabes d’avant l’islam qui façonnaient des statuettes de dieux avec des dattes, les adoraient pendant que la nourriture était abondante, puis, en temps de pénurie, les mangeaient sans état d’âme. Que faisons-nous d’autre avec la nature, cette divinité que nous avons recréée à notre image en pétrissant quotidiennement la pâte de la langue ? Aujourd’hui, ne sommes-nous pas en train de la dévorer après l’avoir tant adorée ?

Abdelattif Laabi

Le pays du poème

 Il neige
sur la terre
et sur ton corps
qui est sous la terre

sur ta tombe en granit bleu
des Monts d’Arrée
couverts de neige

à l’heure où je t’écris
tendu derrière la vitre

ce livre
que tu ne liras pas.

Il neigeait
et tu as dit, ce jour-là
c’est tout noir

j’ai su, ce jour-là
que tu connaissais le pays du poème.

Il neige
comme il neigea en hiver 1963

quand, avec sa mobylette
nous nous renversâmes sur la route
papa et moi

quand, les pieds contre le fourneau
les mains aux aiguilles

tu nous tricotais des écharpes et des gilets
contre la neige.

Il neige
de l’autre côté de la vitre

de ta vie
et du temps.

Yvon le Men

Tableau

Sous le feuillage où bat la pluie
La poésie écoute le paysage.

Tournesol ou souliers blessés
Elle a pris le chemin du soleil
Et porte un nuage rouge accroché à sa voix.

L’infini à portée de main
N’est jamais monotone.

Jean-Michel Maulpoix

Marche vers la fin de l’hiver

 Par ses reflets la neige élague
aulnes et bouleaux
démêle un fouillis de ronces

détachées d’un ciel blafard
de grandes plaques jonchent l’étang
les éclats nous tailladent les chaussures

colline après colline
on parcourt des futaies limpides
sur un chemin sans ornières ni bornes

de l’horizon le soir expulse
une laine écarlate
qu’on se l’enroule autour du cou

elle brûlera jusqu’au silence
les quatre vérités en travers de la gorge

 

Roland Reutenauer

 Le delta du Danube

 Entre les Balkans et les Carpathes

sur le littoral de la mer Noire
au nord du lieu où Ovide
vécut son exil

vaste territoire
survolé par l’aigle
qui niche
dans les crevasses de la falaise blanche

reflets argent des mouettes
sur les eaux sombres
ciel sillonné de cygnes hurlants
d’oies bernaches
et de pélicans

perdue dans le désert
une pierre solitaire
portant ces mots :
loci princeps
limit. prov. scyt.

plus récemment
le grondement du canon
là-bas vers Sébastopol

des Cosaques errants
bourrés de raki
chantant entre nostalgie et néant
d’anciennes mélopées d’Ukraine

un lieu
peut-être enfin
rendu à ses origines.

Kenneth WHITE